• INFO SUR LE JAPON

     

  • La prison de Tôkyô (© PekePON)Le Japon, dirigé par le Parti libéral-démocrate (PLD) revenu au pouvoir en septembre 2012, compte pour l’année 2013 huit exécutions de condamnés à la peine capitale. Ainsi, il reste à présent 130 détenus en attente dans le couloir de la mort. Bien que les pays européens et les organisations de défense des droits de l’homme demandent à ce que la peine de mort cesse, peu de progrès ont été faits sur ce sujet dans la législation japonaise, et peu sont à prévoir.

    Au Japon la peine capitale est exécutée par pendaison et s’applique aux crimes « les plus odieux ». Les détenus peuvent attendre 10 ans voire 30 ans avant leur exécution mais ne sont informés de leur mort que le matin même.


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  • Pancarte d’amitié nippo-coréenne brandie devant un cortège d’extrême droite, juin 2013 (Alissa Descotes-Toyosaki)

    Depuis février 2013, à Shin-Okubo, le quartier de Tokyo à forte immigration coréenne, manifestants d’extrême droite et contre-manifestants s’opposent chaque dimanche.

    Une bataille en rang d’oignons arbitrée par un déploiement impressionnant de forces de l’ordre. Malgré cela, des heurts ont causé des arrestations des deux côtés, ouvrant le débat sur la légitimité de ces défilés.

    Les manifestations d’extrême droite ont toujours existé au Japon mais l’incitation à la haine raciale en public est la mauvaise surprise de cette année 2013. En l’absence de lois contre le racisme, la population a décidé de réagir.

    « Tuez-les ! Tuez-les ! »

    Depuis cinq mois, Lee Shinne, une Coréenne née à Osaka, se réunit avec ses amis à Shin-Okubo. Autour de la gare, des associations nippo-coréennes font signer des pétitions tandis que sur la grande avenue, des forces de l’ordre bloquent le passage de toutes les rues adjacentes.

    Sur le Net, un groupe assimilé à « Zaitokkai », la « ligue qui rejette les privilèges des étrangers au Japon » a enjoint ses 13 000 membres à se regrouper à Shin-Okubo pour « nettoyer » le quartier. Shinne se souvient de la première fois que ce groupe a commis l’escalade de la haine :

    « C’était en février dernier. Une centaine d’extrémistes se sont introduits dans une ruelle commerçante connue pour ses magasins de K-pop (Korean pop music). Ils souriaient en brandissant sous le nez des gens des panneaux d’une violence inouïe en criant “Tuez-les ! Tuez-les !” Il y avait un poste de police à côté, mais ils laissaient faire. J’ai couru me réfugier dans un restaurant, malgré mon âge je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer. »

    Journaliste d’une quarantaine d’années, Shinne est habituée à la violence verbale sur Twitter, mais jamais en direct. Kim Duck Ho, le patron du restaurant où elle s’est réfugiée, a pris des photos de cette manifestation.


    février 2013 à Shin-Okubo (Kim Duck Ho)

    « J’ai pensé ce jour-là qu’il fallait leur faire face mais sans violence. Les Coréens sont très paisibles, mais ils ont le sang chaud et les Zaitokkai le savent. Ils n’attendent qu’une chose, c’est qu’on leur cogne dessus pour se faire passer pour des victimes.“ 

    Pas de loi pour porter plainte

    Né à Séoul, Kim tient un restaurant coréen depuis 15 ans dans le quartier. Très populaire, le ‘Ozakyo’était le temple des fans de K-pop courtisé par les médias japonais.

    Pourtant depuis que l’atmosphère générale s’est chargée peu à peu de peur et de méfiance envers la Corée – sur fond de polémiques autour des îles Takeshima ou des femmes de réconfort –, Kim a perdu la moitié de son chiffre d’affaires.

    ‘Je ne suis pas le seul. Tous les commerçants subissent la pression. Nous recevons des appels anonymes dix fois par jour, nous encaissons les injures racistes et les menaces depuis six mois. Il y a pas de loi, donc nous ne pouvons pas porter plainte.’

    Le boom de la K-pop avait fait des miracles depuis les années 2000 pour le rapprochement culturel des deux pays. Les jeunes Japonaises ne juraient que par les stars coréennes et allaient passer leur week-end à Séoul, tandis que les séries télévisées contant les frasques historiques du pays du Matin calme faisaient un tabac. Le quartier de Shin-Okubo est devenu un vrai ‘little Korea’, toujours plein de jeunes. A présent, c’est un quartier jugé dangereux.

    Le groupe de K-pop ‘Exo’

    Un autre coréen, Kim Jeong Chik, ne cache pas son inquiétude : 

    ‘Sans loi, la police ne sait pas comment intervenir pendant les manifestations. A ce stade, qui peut garantir la sécurité de la population ?’

    Yusuke Ueda, un interprète nippo-coréen, fait remarquer que la mise en place d’une loi prendrait des années. Et que le gouvernement pourrait en profiter pour s’attaquer à la liberté d’expression en général, comme il l’a déjà fait avec la loi anti-danse.

    Concert de doigts d’honneur

    Terrés dans une rue arrière, les contre-manifestants piétinent devant un barrage de police. Brusquement, on entend au loin les haut-parleurs des Zaitokkai hurler contre les colonisateurs du Japon, les Coréens. 

    Quand enfin le défilé extrémiste arrive sur la grande avenue, ils sont accueillis par un concert de doigts d’honneur et de ‘Cassez-vous ! Retournez croupir dans les trous du Net !’. Les antifas sont partout.


    Membres du collectif ‘Shit-back that racist’ , juin 2013 (Alissa Descotes-Toyosaki)

    Les deux processions marchent en parallèle. Entre les deux, le dispositif de police interdit à quiconque de traverser.

    Depuis que la mobilisation antiraciste s’est mise en place, les Zaitokkai ont baissé le ton et ne montrent plus des pancartes de haine raciale. Une victoire pour les membres du collectif ‘Shit-back that racist, qui se félicite aussi d’avoir pu dévier leur trajectoire hors des rues commerçantes. Ils sont quelques centaines contre une cinquantaine d’extrémistes. 

    En fin d’après-midi, le funèbre cortège drapé de l’étendard de l’armée impériale traverse le grand centre de Shinjuku, toujours suivi des antifas. Un passant dit avec nonchalance :

    ‘Je ne peux pas juger, chacun a le droit d’avoir ses positions. Moi j’aime les étrangers, mais eux ont peut-être leurs raisons de les détester. 

      

    Il y a des vieux en uniforme de soldats impériaux, des jeunes au look heavy metal, des jeunes femmes habillées sexy avec des faux-cils, et Monsieur Tout-le-monde. Toujours escortés par la police, les manifestants se regroupent dans un parc puis en ressortent sans drapeaux ni pancartes. Alors qu’ils se fondent dans l’anonymat de Tokyo, un homme sort d’un bar à côté et les poursuit avec une bière a la main :

    Bande d’enfoirés !’


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  • La vidéo d'une chanteuse d'AKB48, crâne rasé, implorant le pardon de ses fans, a choqué les internautes du monde entier. Mettant en lumière les aspects les plus malsains de la pop japonaise.

     
     

    "Tout ce que j'ai fait est entièrement de ma faute. Je suis désolée". En larmes, la jeune Minami Minegishi demande pardon à ses fans. Pour appuyer son acte de contrition, la chanteuse n'a pas hésité à se raser entièrement le crâne, en écho aux pratiques d'un Japon d'un autre âge. Son crime : non pas avoir couché avec les Allemands, mais tout simplement avoir passé la nuit au domicile d'un jeune homme... Cela peut laisser perplexe en 2013, mais pourtant, par son comportement, Minami Minegishi s'est rendue coupable de haute trahison envers les AKB48. Un groupe de pop japonaise tentaculaire, qui ne compte pas moins de 88 membres, tous des jeunes filles âgées de 14 à 20 ans, réparties en quatre équipes, et qui se produisent dans une salle de spectacle d'Akihabara, haut-lieu des otakus à Tokyo.

    AKB48, c'est avant tout une formidable machine à faire de l'argent. En 2011, le groupe a généré plus de 16 milliards de yens (127 millions d'euros) de revenus, rien que sur les ventes de CD et de DVD. Et pour faire tourner la machine, le producteur, Yasushi Akimoto, a imposé une discipline militaire. Camps d'entraînement, sélections très strictes, et surtout, un code de conduite qui stipule que les AKB48 sont obligées de rester célibataires. Les jeunes filles qui font une entorse au code doivent en subir les conséquences : l'an dernier, l'une d'entre elles, Yuka Masuda, avait été exclue du groupe pour avoir eu un petit ami. Une autre chanteuse, Rina Sashihara, avait, quant à elle, été exilée dans un groupe parent, HKT48, basé dans la lointaine Fukuoka.

    Non respect du Code du travail

    L'affaire Minegishi va bien au-delà. De par la brutalité de leur mise en scène, les excuses éplorées de la chanteuses ont mis mal à l'aise les témoins de sa déchéance. Déjà, un avocat, Hifumi Onuki, soulignait dans les colonnes du Japan Times que la condition de célibat était illégale au regard du Code du travail japonais. Il en profitait d'ailleurs pour appeler les AKB48 à former un syndicat pour se protéger face à la toute puissance de leur producteur. Car préserver le fantasme de virginité des AKB48 pour plaire aux fans vaut-il la peine de soumettre une jeune fille à une telle humiliation publique ? Certains fans ont manifesté leur dégoût face à la manière dont avait été traitée Minami Minegishi. D'autres, en revanche, ont estimé qu'elle était la seule responsable de son malheur.

    Fantasme de l'écolière

    Car tout le problème est là : les fans d'AKB48 sont complices d'un système d'asservissement du groupe, et d'une hypersexualisation de ses membres. Et on est bien loin de groupies venues du collège et du lycée. Le public d'AKB48 se compose bien souvent de salarymen, qui se régalent des clips ou de spectacles suggestifs mettant en scène des jeunes filles en mini-jupe, qui, sur des mélodies sirupeuses, susurrent des paroles comme : "je veux enlever mon uniforme, je veux mal me comporter. Tu peux faire tout ce que tu veux, je veux connaître les plaisirs adultes" De quoi alimenter sans fin le fantasme de l'écolière, très répandu au Japon. Et surtout, de quoi perpétuer le stéréotype de la jeune femme vulnérable et soumise.

    L'épisode Minegishi sera-t-il un électrochoc qui permettra enfin d'assainir le système AKB48 ? Ou au contraire, renforcera-t-il le sentiment d'insécurité de certaines jeunes japonaises, tentées de s'assimiler à l'image biaisée projetée par le groupe ? AKB48 n'est évidemment pas l'unique responsable d'une régression de la société japonaise, mais quand on sait qu'au classement de l'égalité des sexes, le Japon se place à la 101è position dans le monde, on se dit qu'il faudrait peut-être repenser le fantasme de la pop japonaise.


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  • 42,2% Tel est le pourcentage de japonais favorables à une révision de l'acticle 9 de Constitution qui interdit au japon de faire la guerre. En 2010, ils n'étaient que 24% à soutenir cette idée. Les tensions territoriales avec la Chine ne sont pas étrangères à ce retournement.


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  • Si la consomamatio,n de cigarettes a baissé dans l'archipel (38% de fumeurs chez les hommes en 2010 contre 81% en 1960 et 11% chez les femmes contre 13% il y a 550 ans),les japonais fument encore trop.D'où la création de cette brigade anti-tabac qui sillone les rues de la capitale où il est interdit désormais de fumer. Disposant d'un cendrier portatif, elle demande au contrevenant d'éteindre sa cigarette. En cas de refus, elle verbalise.


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